Revue de presse- Radio-Canada- journaliste Danielle Kadjo (accéder à la page de l’auteur) février 2020
Article en février 2020
Paru récemment un autre article: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1719938/masques-covid19-protection-mode-alethe-kabore
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Le tissu, les couleurs et les formes n’ont plus de secret pour Alèthe Kaboré, une créatrice de mode originaire de Ouagadougou, au Burkina Faso. Dans le cadre de la célébration du Mois de l’histoire des Noirs, l’artiste établie à Edmonton raconte son parcours et sa mission pour faire briller la mode africaine au-delà des frontières.
Quand elle a quitté son pays natal dans les années 2000, Alèthe Kaboré avait un objectif en tête : poursuivre ses études en sciences biologiques et en santé publique, ce qu’elle a fait. Mais l’avenir avait également d’autres plans pour elle.
De sciences à créatrice de mode, comment cela est-ce possible?
J’ai toujours aimé la mode. Une fois au Canada, la mode du pays
me manquait. Je suis allée m’acheter une machine à coudre dans un Walmart et je me suis mise à apprendre à coudre pour pouvoir me faire mes propres vêtements.
Petit à petit, les gens ont commencé à m’approcher, à me dire qu’ils aimaient ce que je faisais et c’est de là que tout est parti.
Qu’est-ce qui vous manquait le plus dans la mode africaine pour décider de vous lancer dans cette aventure?
Ce sont surtout les couleurs et les formes. Dans la société où j’ai grandi, au Burkina Faso, il n’y avait pas de limites. On pouvait s’habiller avec toutes les couleurs qu’on voulait pour aller au travail ou autre.
Parfois, je dessinais mes propres vêtements et je courais chez le tailleur en lui demandant de me reproduire les mêmes modèles. On a souvent eu de longues discussions parce que certains des modèles que je lui soumettais étaient surréalistes, selon lui (rires).
En grandissant, ce côté artistique n’a pas été nourri. Mais, l’amour du tissu, du pagne, de l’art, du dessin et de la création ne m’a jamais quittée. J’ai fini par me dire : pourquoi ne pas essayer?
Les conseils que je recevais, c’est qu’il fallait que je me trouve un métier « concret », pour être capable de subvenir à mes besoins, une fois adulte.
Où puisez-vous votre inspiration, vos idées?
C’est la visualisation du produit final sur une personne qui m’inspire. Je ne visualise pas juste mon produit, mais comment une personne pourrait l’agencer avec d’autres vêtements, chaussures ou bijoux. Ce n’est qu’une fois que tout cela apparaît dans mon esprit que je me dis : OK, c’est une bonne collection!
Comment les gens qui ne sont pas d’origine africaine réagissent-ils à vos créations?
Ils sont surpris parce qu’ils trouvent cela différent. De manière générale, les vêtements avec les pagnes africains qu’on voit ici sont souvent très simples pour l’été ou extravagants pour les fêtes, l’église, etc. Alors, quand ils voient le mélange que je fais, ils sont le plus souvent très épatés. D’autres personnes les trouvent trop colorés à leur goût, mais une fois qu’ils les essaient, ils les trouvent très beaux sur eux.
Ceux qui viennent pour la première fois prennent souvent des choses simples pour s’introduire au matériel, aux couleurs, et ensuite ça évolue.